redressement productif et gaz de schiste ?
Arnaud Montebourg tente de théoriser le "redressement productif"
LE MONDE | 11.07.2012 à 15h46
Par Cédric Pietralunga
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Après la chirurgie, place à la thérapie. Obligé de jouer le pompier de service auprès des entreprises en difficulté, Arnaud Montebourg devait présenter, mercredi 11 juillet, lors de la Conférence nationale de l'industrie, les grandes lignes de son plan de "redressement productif". "Sauver des usines fait partie de mon travail, mais ma priorité reste la reconquête industrielle de la France, explique M.Montebourg. N'oubliez pas que je suis le seul ministre à avoir une obligation de résultat dans l'intitulé de son poste."
Il y a urgence : selon l'Institut national de la statistique (Insee), la production industrielle a encore reculé de 1,9 % en France en mai (elle a progressé de 1,6 % en Allemagne). Pis, le rythme des faillites ne faiblit pas : 13 722 procédures de redressement, de liquidation ou de sauvegarde ont été prononcées par les tribunaux au deuxième trimestre, a calculé le cabinet Altares. M.Montebourg a réclamé que des fonds spéciaux lui soient débloqués pour faire face aux situations les plus difficiles. Un chiffre entre 200 à 300 millions d'euros a été évoqué, mais ne serait pas acté.
Pour redresser la situation, le ministre entend mettre d'abord l'accent sur la compétitivité des entreprises françaises. Lui aussi plaide pour que le financement de la protection sociale ne repose plus uniquement sur le travail. "C'est un débat que nous ne pouvons plus éluder", estime-t-il.
Le bouillant élu refuse pour l'instant d'évoquer un transfert de charges vers la CSG. "Ce sera à Louis Gallois et à sa mission sur la compétitivité, dont la création a été poussée par Montebourg, de faire des propositions", explique-t-on à Bercy.
RÉFORME DU CODE MINIER
Autre élément de la compétitivité auquel veut s'attaquer le ministre : le coût de l'énergie et des matières premières. "Tout doit être fait pour reconquérir notre souveraineté énergétique", explique-t-il.
Pas question, donc, de remettre en cause la filière nucléaire. En revanche, M.Montebourg entend réformer dès cet automne le code minier, en accord avec Delphine Batho, la ministre de l'écologie. Objectif : faciliter l'exploration du sous-sol, avec des garde-fous pour que les pétroliers ne s'approprient pas tous les bénéfices des nouveaux champs, comme en Guyane. Pour M. Montebourg, la question de l'exploitation des gaz de schiste doit également être posée.
Au programme du ministre du redressement productif, on trouve aussi la création d'un "livret d'épargne industrie ", afin d'améliorer le financement des entreprises et notamment des PME. Doté d'un plafond de 12 000 euros, il devrait remplacer le livret de développement durable.
Dans cette optique, M. Montebourg aimerait que la "banque publique d'investissement " voie le jour avant la fin de l'année avec un périmètre élargi. Il propose de lui confier, en plus du financement des entreprises, l'aide à l'exportation, quitte à fusionner les outils que sont la Coface, Ubifrance et la partie export d'Oseo.
Côté innovation, il veut s'inspirer des Fraunhofer allemands pour créer des plates-formes en région chargées de diffuser la recherche & développement aux PME. De même, il voudrait dupliquer en France le programme américain du Small Business Innovation Research (SBIR), qui oblige l'Etat à réserver une partie de ses dépenses de recherche aux laboratoires et start-up de petite taille.
"Un crédit impôt recherche [CIR] consacré au développement et non plus seulement à la recherche fondamentale est également à l'étude", révèle Vincent Moulin Wright, directeur général du Groupe des fédérations industrielles (GFI). Actuellement exclu du CIR, le prototypage pourrait ainsi donner droit à des aides fiscales.
Enfin, M. Montebourg aimerait doper le label "Made in France". "Les Français sont prêts à payer un peu plus cher pour des produits tricolores", assure-t-il. Pour rapatrier les centres d'appels téléphoniques, il propose d'ajouter une ligne de quelques dizaines de centimes d'euros à la facture de chaque abonné.
Cédric Pietralunga