la nouvelle mosquée d'uZÈS
Depuis plus de 40 ans, les musulmans de l'Uzège viennent prier dans une maison dont leur association est propriétaire. Les locaux inadaptés ont poussé les fidèles à impulser un nouveau projet.
Depuis qu'il a été officialisé par la pose d'un panneau de permis de construire sur un mur de l'avenue des Cévennes, le projet de mosquée à Uzès ne cesse de faire parler. Les rumeurs les plus folles courent sur le sujet. Pour y voir plus clair, nous avons rencontré Michel Aichaoui, président de l'Association culturelle musulmane de l'Uzège, porteur du projet. Il a accepté de répondre à nos questions en toute transparence.
• La genèse du projet. Tout le monde le sait, les musulmans d'Uzès et de l'Uzège disposent déjà d'un lieu de culte, rue du docteur Gardes. Il s'agit en fait d'une petite maison de ville, dont l'Association musulmane est propriétaire, mais qui n'est pas configurée pour accueillir du public en grand nombre. Se pose en effet depuis des années le problème de la sécurité des lieux. « Nous ne voulons plus du provisoire actuel », explique Michel Aichaoui. Les travaux de rénovation menés il y a six ans (toiture, peinture...) ne suffisent plus aujourd'hui.
La maison, qui accueille chaque jour les fidèles de l'Uzège, s'étend sur deux niveaux, sur une superficie de 160 m2. Le rez-de-chaussée comprend un petit coin cuisine. Au premier étage, c'est la salle de prière des femmes et des enfants. Une petite salle de classe a été aménagée au même endroit pour l'enseignement du Coran, le dimanche matin, en arabe et en français. La salle de prière réservée aux hommes se trouve au second étage. De nombreux ventilateurs sont accrochés aux murs. L'été, la température grimpe vite ici. En période d'affluence, compte tenu de l'étroitesse des locaux, une partie des hommes doit prier dans la salle du dessous, celle des femmes. Un rideau est alors tiré pour séparer les deux publics.
• La communauté musulmane d'Uzès. Le noyau dur de l'Association culturelle musulmane de l'Uzège est formé par ce que Michel Aichaoui appelle les « piliers ». Des membres actifs qui votent en collégialité les décisions importantes de l'association. Ce qui représente 70 familles, soit environ 150 personnes. 95 % d'entre eux sont d'Uzès. Enfants et jeunes adultes fréquentent aussi régulièrement la mosquée. « La relève est là », assure le président.
• Le projet. La future mosquée verra le jour à quelques mètres de l'ancien bâtiment, au n°9 de l'avenue des Cévennes. Le président de l'Association musulmane voulait qu'elle soit construite dans les environs. « Nous sommes situés à un point stratégique, entre les quartiers des Mûriers et des Amandiers. Notre demande de permis de construire a déjà été rejetée trois fois dans le passé ». En cause, le problème du stationnement, que Michel Aichaoui assure avoir résolu. En outre, il veut inciter les fidèles à se rendre davantage à pied à la mosquée. De l'extérieur, comme le montre notre photo d'illustration, elle a la facture d'un bâtiment classique.
Le terrain a été vendu par un particulier uzétien, pour 140 000 €. « Le propriétaire était au courant de ce que nous comptions y faire et nous l'a vendu pour cet usage ». La moitié du terrain a été préemptée par la mairie pour une liaison inter-quartiers, qui reliera l'avenue du 8 mai 1945 à l'avenue des Cévennes.
La mosquée se fera donc sur une surface d'environ 600 m2, parking compris. Mais, plus que de mosquée, Michel Aichaoui préfère parler de « centre culturel musulman ».
Au-delà du lieu de prière, le président veut faire de cette nouvelle construction un lieu de vie. Sur plus de 400 m2, le centre comprendra sur un R+1 trois salles, une bibliothèque, une tisanerie et un logement.
Chahuté
Ce logement sera dédié au futur imam que l'association souhaite recruter. À l'heure actuelle, les prières sont assurées à tour de rôle par des bénévoles de l'association. Michel Aichaoui souhaite que les hommes, les femmes et les enfants trouvent leur place dans le futur lieu. « Je suis un peu chahuté là-dessus par certains membres », qui ne sont pas toujours d'accord avec les orientations prises par l'association. D'autres auraient voulu, par exemple, une mosquée qui ressemble davantage à une mosquée. « Mais nous sommes en France, il faut nous adapter aux lois françaises ».
En plus de l'enseignement du Coran, « les salles de classes pourront servir aussi à l'aide aux devoirs, afin de lutter contre l'échec scolaire ».
Le bâtiment sera en mesure d'accueillir au maximum 80 personnes. Une dérogation a été demandée pour les grandes prières, deux fois par an : la mosquée pourra recevoir jusqu'à 199 personnes.
Le financement nécessaire pour mener ce projet à bien est estimé à 350 000 €. L'association dispose de 100 000 € sur son compte et les dons des fidèles ont déjà permis de réunir 140 000 €, qui ont servi pour l'achat du terrain. Le bâtiment actuel sera vendu, ce qui va permettre à l'association de récolter une somme non négligeable. Un nouvel appel aux dons va être lancé à Uzès (« mais pas au-delà », assure Michel Aichaoui), dans l'espoir de réunir entre 50 et 70 000 € supplémentaires. Les fonds sont suffisants pour débuter les travaux. La volonté commune est qu'ils soient achevés d'ici deux ans, en 2015. « Nous ferons appel à une entreprise pour toute la structure extérieure et les membres de l'association réaliseront l'intérieur ».
• L'avenir.- Après plus de dix ans de présidence, Michel Aichaoui assure être « à la fin d'un cycle ». Il entend passer la main « dès que le contrat sera signé avec l'entreprise pour les travaux ». Il restera néanmoins membre de l'association.
Christophe Gazzano
(Article paru dans Le Républicain n°3406, du 3 janvier 2013)