Réalisée par le laboratoire de recherche en architecture de l’ENSA Toulouse et les Amis de la terre France, cette étude a estimé la capacité de la France à produire et utiliser des matériaux bio-sourcés pour la construction et la réhabilitation des bâtiments à l’horizon 2030 et 2050. Bio-sourcés ? Ce sont les matériaux issus du vivant, d’origine végétale (bois, paille, chanvre, lin, ouate de cellulose...) et animale (laine de mouton, plumes...). « On peut substituer les isolants actuels (laine de verre principalement, ndlr) par des isolants bio-sourcés, remarque Luc Floissac, co-auteur de l’étude [1] . Il n’y aucun problème de ressources. Que ce soit la paille, le lin ou le chanvre, on peut basculer facilement, puisque ce sont des cultures annuelles : si on prend la décision d’augmenter le nombre de logements en paille, on peut avoir la ressource dès l’année suivante. Le tout sans conflits d’usage avec les terres destinées à l’alimentation. »
Les matériaux bio-sourcés encore anecdotiques en France
En plus d’être disponibles de suite, pourvu qu’on le décide, les matériaux bio-sourcés affichent un bilan environnemental et social épatant : « Ils contribuent à la diversification et à l’augmentation des revenus des agriculteurs. Mis en œuvre au plus près des sites de production, ils favorisent le maintien et le développement d’une économie locale robuste. Séduisants par leurs conditions de mise en œuvre, ils contribuent à renforcer l’attractivité des métiers du bâtiment. Sains, ils correspondent aux attentes de nombreux maitres d’ouvrages publics ou privés. »
Malheureusement, leur utilisation est encore très rare... La France reste le pays du mariage éternel entre parpaings et laine de verre. « Dans les IUT, les CFA ou les écoles d’ingénieur et d’architecture, les matériaux bio-sourcés ont encore une place très anecdotique. Quand ils ne sont pas tout simplement ignorés ! ». La loi pour la transition énergétique, adoptée cet été, encourage leur utilisation, en particulier pour les constructions publiques. Reste à traduire cet encouragement en acte.