gaz de schiste: forages scientifiques
Gaz de schiste : vers des forages "scientifiques" ?
LE MONDE |23.03.2012 à 14h42 • Mis à jour le23.03.2012 à 15h00
Par Marie-Béatrice Baudet
Depuis le départ du ministère de l'écologie de Nathalie Kosciusko-Morizet, devenue porte-parole du président-candidat, le dossier avait atterri à Matignon. Et à la lecture du rapport final de la mission d'inspection (issue des ministères de l'industrie et de l'écologie) sur "les hydrocarbures de roche-mère en France" - les huiles et gaz de schiste -, on comprend pourquoi les services du premier ministre n'ont fait aucune publicité à sa parution, le 22 mars. Craignant de raviver la mobilisation des collectifs des anti-gaz de schiste dans le sud-est du pays et dans le Bassin parisien.
Les experts des deux ministères se déclarent en effet favorables - sous moult conditions - à un "nombre limité" de forages par fracturation hydraulique pour mener des "expérimentations à seules fins de recherche scientifique sous contrôle public".
FACTURE ÉNERGÉTIQUE
Les rapporteurs s'inscrivent dans le cadre de la loi du 13 juillet 2011. Certes, ce texte interdit en France la fracturation hydraulique, unique technique disponible à l'heure actuelle pour exploiter les gisements d'huiles et de gaz de schiste, mais dont les conséquences sur l'environnement peuvent être néfastes. Pour autant, l'article 4 de la loi laisse ouverte la porte au droit à l'expérimentation, après avis de la Commission nationale d'orientation et d'évaluation des techniques d'exploitation des hydrocarbures liquides et gazeux. Pour résumer l'argumentaire développé, il s'agit de ne pas gâcher le potentiel des richesses du sous-sol français, qui permettrait de réduire la facture énergétique de l'Hexagone.
CONTAMINATION, MINISÉISMES
Or, pour ce faire, le rapport conclut qu'à court et moyen terme la fracturation hydraulique demeure la seule technique susceptible d'être utilisée, les autres en restant au stade expérimental. Compte tenu des risques environnementaux que la fracturation hydraulique représente - contamination des nappes phréatiques, miniséismes, etc. -, les experts appellent les compagnies pétrolières à prendre le maximum de précautions techniques liées notamment à l'étanchéité des puits. Cet appel à des forages "scientifiques" reste soumis à une nouvelle loi, qui permettra de préciser le cadre exceptionnel de ces expérimentations par rapport au texte de juillet 2011, et à un vote du Parlement. Le rapport prévoit que tout ce préalable juridique pourrait être finalisé pour le second semestre 2013.
Du côté des compagnies pétrolières opposées à la loi du 13 juillet, on explique que les experts "ont fini par ouvrir leurs oreilles". ONG et élus locaux, eux, sonnent le tocsin. Conscients de leur capacité à mobiliser, les experts des deux ministères proposent de cantonner ces expérimentations dans le Bassin parisien où des permis ont été accordés pour explorer les huiles de schiste. Et où les riverains semblent moins sur le qui-vive que dans le Sud-Est, là où la rébellion anti-gaz de schiste emmenée par José Bové avait débuté à l'automne 2010. Un pari risqué.
Marie-Béatrice Baudet
La Commission nationale d'orientation et d'évaluation des techniques d'exploration des hydrocarbures liquides et gazeux donnera son feu vert - ou non - sur de possibles forages expérimentaux d'huile et de gaz de schiste.
Elle comptera 22 membres : 5 représentants de l'Etat ; 1 député et 1 sénateur ; 3 représentants des collectivités territoriales ; 3 associatifs ; 3 représentants d'entreprises du secteur gazier et pétrolier ; 3 représentants du personnel des industries gazière et pétrolière et 3 personnalités scientifiques qualifiées.
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