Cahier docléances 1789

 

Pamproux1 Population : 463 feux

 

Cahier de doléances Date : 1er mars 1789

 

Cahier des plaintes et doléances des paroisses de Pamproux et Saint-Martin-de-Pamproux jointes.

 

Rien n'est plus juste que de payer des impositions au Roi pour subvenir aux besoins de l'Etat.

Ce principe est consacré dans tous les auteurs, de rendre à César, ce qui lui est dû.

Le Roi qui nous gouverne aujourd'hui veut bien écouter les cris de ses peuples et entendre leurs plaintes et doléances ; c'est pourquoi nous ne faisons pas de difficultés de les lui adresser par la voix des députés de cette province aux Etats généraux.

 

Nous ne pouvons nous dissimuler qu'il n'y a que le peuple, c'est-à-dire la partie la plus souffrante des sujets du Roi, qui paye les impositions, et il serait à souhaiter, pour convaincre les grands, que les ministres de sa Majesté se fissent représenter les différents rôles du Royaume, ils verraient avec étonnement que le peuple paye tout et les grands rien.

 

Puisque Sa Majesté veut bien nous admettre à lui porter nos doléances dans la notable assemblée qui doit se tenir auprès de sa personne, nous allons dans le plus bref état en faire le récit.

 

Les impositions sont aujourd'hui montées à leur périodes, mais pour qui ? pour le peuple, c'est-à-dire pour les petits et principalement pour les campagnes.

 

Il faut néanmoins observer que notre Auguste Roi et ses prédécesseurs ont toujours entendu favoriser l'agriculture et que c'est de cette branche que dérive la richesse d'un Royaume ; ce sont donc ces bras endurcis au travail et réduits à la dernière misère qui font la richesse de l'Etat.

Ainsi pour obvier à une disparité aussi énorme que criante, il est de toute nécessité de supprimer tous les privilèges et que chaque individu du royaume paye sa cote-part d'imposition, les uns à raison de leurs fonds, et les autres à raison de leur industrie.

 

Effectivement, rien n'est plus juste que le clergé et la noblesse payent les mêmes impositions que le Tiers état, soit en taille, capitations, corvées que toutes autres impositions quelconques sous quelques dénominations qu'elles soient.

 

Il serait même nécessaire de réduire toutes les impositions de quelques natures qu'elles soient en une qui se répartirait également à raison des fonds et de l'industrie ; on ne peut s'empêcher de gémir de voir le pauvre cultivateur écrasé sous le poids énorme des impositions, c'est donc cette classe d'hommes si précieuse à l'Etat qu'il faudrait soulager autant qu'il est possible et il n'y a pas d'autres moyens de la soulager qu'en faisant supporter au clergé, à la noblesse et aux privilégiés, leur cote-part des impositions ; alors on verra l'agriculture sortir de l'espèce de léthargie où elle était tombée, reprendre une nouvelle vigueur et des bras redoubler de travail et faire fructifier avec abondance cette terre qui lui coûte tant de peine et de sueur à cultiver et c'est de cette abondance que dérivera la richesse de l'Etat.

 

Il y a encore une autre classe d'hommes assujettis au travail dur et pénible de la campagne, ce sont ces misérables journaliers, la classe la plus indigente du Royaume, qui n'ont que leurs bras pour vivre et souvent chargés d'une nombreuse famille, qui, dans les temps durs, ne peuvent travailler, [et] à qui il faudrait alléger le poids des impositions. Nous avons un exemple bien frappant de cette vérité dans le triste hiver que nous venons d'éprouver où la majeure partie de ces misérables étaient réduits à la dernière misère, couchés dans leur chaumière sur une poignée de paille et manquant de toutes choses nécessaires à la vie, tandis que les grands et les riches goûtaient dans leurs chambres dorées les douceurs d'une température continuelle.

 

Il est donc ainsi de toute nécessité de réformer les abus de tous genres qui se sont glissés dans la répartition des impôts et d'en rendre le poids plus supportable au peuple.

 

Réduire toutes les impositions en une, la répartir également entre les trois états, à raison pour les uns de leurs fonds et propriétés et pour les autres de leur industrie, parce que s'il n'y avait que les fonds chargés d'impositions, pour lors, ce riche négociant qui n'a que son commerce, ce capitaliste dont toute la fortune consiste à négocier les billets qu'il porte dans son portefeuille, ne payeraient rien, ce qui serait injuste ; par conséquent il est donc de toute nécessité que ces derniers supportent leur cote-part des impositions, à raison de leur industrie.

 

[…]

1 Pamproux, gros village des Deux-Sèvres en Poitou

 



17/10/2012

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